Confidence: ma relation avec la peur
- Les petits pas du bonheur
- 9 août 2018
- 6 min de lecture
Cette semaine, je me sens vulnérable. Une petite voix à l’intérieur de moi voulait plus que tout que je fasse un article sur le thème de cette semaine, mais j’ai hésité longtemps. En fait, j’hésite à parler en toute honnêteté de ce sujet depuis quelques années déjà. Juste d’y penser, ça me fait mal, alors cette semaine je considère d’écrire ces quelques lignes comme une délivrance, un de mes petits pas personnels vers le bien-être.
Cette semaine, je te parle de la peur. Cette peur qui peut te paralyser, t’empêcher de bouger, qui te coupe le souffle. Cette peur qui fait mal, en dedans, en dehors, qui te fait sentir inutile, stupide, inefficace. Elle est là, parfois toute petite ou toute puissante et te dicte ce que tu peux ou ne peux pas faire. Elle peut te faire avancer, te stopper, te faire reculer. Elle ne se gêne pas, elle se présente quand bon lui semble. Le comble, c’est qu’elle est polyvalente! Elle s’adapte, se transforme et si on ne prend pas notre place, elle ne se gêne pas pour la prendre. Tu la connais toi aussi? Bien sûr que tu la connais…
Peur du jugement, de l’échec, de l’incompétence, de la solitude, du silence, de la maladie, de la vie, du néant….La peur est partout et nulle part à la fois.
Je te fais une confidence. Moi, j’ai toujours eu peur de perdre les gens que j’aime. À chaque fois que j’en parle, j'angoisse et j’essaie de ne pas trop y penser souvent, parce que c’est plate et fataliste à dire, mais c’est inévitable et ça fait partie de la vie.
Ce que je vais te dire, il y a peu de personnes qui le savaient jusqu'à présent. En 2014, une personne que j’aimais beaucoup et que je côtoyais quotidiennement a été diagnostiquée d’un cancer. Ça fait peur, le mot cancer. Moi, il s’est pointé un matin sans prévenir dans un bureau avec une docteure qui me parlait de lymphome et je n’avais aucune idée de ce qu’elle nous expliquait, parce que j’étais certaine que la personne en question avait une mauvaise grippe. J’ai fini par lui couper la parole et lui demander : «Mais de quoi tu parles? » BANG. Cancer, stade 2. Ayoye. Encore à ce jour, je ne suis pas capable de décrire la sensation de mon corps avec une totale exactitude, mais c’était très souffrant sur le coup. Le pronostic était bon, les traitements auront duré plusieurs mois et heureusement, cette personne va mieux aujourd’hui.
Pendant cette année où je côtoyais quotidiennement une de mes plus grandes peurs, la maladie, je pensais vraiment faire ce qui était le mieux pour tout le monde. À l’époque, je commençais ma carrière en relation d’aide, je naviguais dans la nouveauté, de nouvelles craintes professionnelles et je devais aussi, après le travail, faire face à la vague d’angoisses qui m’habitaient et qui me rappelaient ma réalité à ce moment-là. J’essayais de me montrer forte auprès de mon entourage. J’avais peur de les déranger avec mes problèmes et mes craintes, donc je les gardais pour moi. Je cachais mes vulnérabilités, de peur qu’elles influencent l’énergie des autres qui étaient dans la même situation que moi. Je faisais beaucoup de compromis, par peur de déplaire, décevoir ou d’être jugée. J’essayais, entre un quart de travail, des traitements à l'hôpital et une soirée avec mon proche qui était souffrant, d’avoir un semblant de vie sociale parce que j’avais peur de perdre mes amis que je voyais de moins en moins. Je voulais profiter du moment présent, parce que les autres me disaient que c’était important.
Des peurs, j’en avais à la tonne, quotidiennement. De la colère aussi. J’étais fâchée contre la vie, j’avais un grand sentiment d’injustice envers elle. Je m’attardais à la souffrance plutôt qu’aux petits bonheurs du quotidien. J’avais l’impression de courir un marathon alors que je n’avais jamais pratiqué la course. Je continuais d’avancer, de plus en plus essoufflée, mais je ne m’écoutais plus. Mes peurs avaient pris les commandes. Et j’étais en train d’oublier la chose la plus importante dans ce processus : moi.

Je l’ai su à mes dépens lors de ma rupture à l’époque en décembre 2015. La vague sur laquelle je surfais depuis plusieurs mois a décidé de me projeter dans le fond de l’eau. Face première. J’étais détruite. Pas nécessairement à cause de ma peine d’amour en tant que tel, car j'étais consciente depuis plusieurs mois que mon couple battait de l'aile et que la maladie avait changé sa vision de la vie, qui ne correspondait plus à la mienne. J'étais détruite parce que j’étais pour la première fois, depuis des mois, confrontée à être seule avec moi-même. Je me regardais dans le miroir et je ne me reconnaissais pas. J’étais si fatiguée. Les premières semaines, je me suis isolée. Je n’avais pas l’énergie de rien faire. En fait, je ne voulais rien savoir de faire quoi que ce soit à ce moment-là. Ni le repos ni le sommeil n’atténuaient cette sensation de fatigue. Je n'ai même pas eu la force d'aller chercher de l'aide, car j'avais honte. J’avais la perception que personne ne pouvait comprendre ce que j’avais vécu dans la dernière année. Mais la vérité, ce que je n’ai pas dit aux gens qui m'entourent à quel point cette année avait été difficile pour moi. J'en ai voulu beaucoup à plusieurs de mes amis, pendant longtemps, de ne pas me poser plus de questions ou de ne pas être plus présents pour moi et j’ai compris plus tard que ce n’était pas de leur faute, qu’ils ne pouvaient pas savoir : je ne leur avais rien dit... Je peinais à aller travailler, je me sentais inutile et incompétente et je n’étais plus concentrée. J’étais bornée à essayer de continuer mes activités quotidiennes alors que me corps me hurlait d’arrêter. J’ai décidé de mettre mon orgueil de côté et de l’écouter.
Ce n’est pas facile de laisser-aller. De prendre du temps pour soi. En tout cas, moi je trouvais ça difficile après avoir souvent fait passer les autres avant moi. Ça me faisait peur de me mettre en premier plan et d’être confrontée à moi-même, de ne plus fuir ce que je ressentais. Mais je l’ai fait et je suis vraiment fière de moi. Je suis fière d’avoir pris le temps de réfléchir à mes peurs, comment je tentais d’y échapper et ce que je pouvais faire pour, au contraire, apprendre à les confronter et vivre avec. Parce qu’il ne faut pas être dupe. Les peurs seront toujours là! Mais c’est ce qu’on fait avec qui fait qu’on les surmonte ou qu’on les laisse nous pourrir la vie.
Si jamais tu te reconnais dans mon expérience personnelle ou que tu ne sais pas quoi faire de tes craintes, voici quelques trucs qui pourront possiblement t’aider à te sentir mieux :
-Accepte la peur. Avoir peur, c’est un sentiment normal. Même que la peur, ça peut nous faire sortir de notre zone de confort et nous aider à accomplir plein de choses! C’est quand elle nous fait perdre nos moyens qu’elle devient dangereuse.
-Identifie ce qui te fait peur et pourquoi. J’ai réalisé que souvent, mes peurs étaient liées à mes rêves et mes objectifs auxquels je tenais le plus (raison de plus pour apprendre à les confronter, non?)
-Bouge. Qu’est-ce que tu peux faire pour atteindre tes objectifs? Pour prendre du temps pour toi? Pour arrêter de culpabiliser? Comme pour le stress, trouve les moyens qui te font du bien et qui peuvent t’aider à avancer. Attention toutefois aux actions qui ne font que repousser la réalité. Écouter la télé, de la musique, faire du sport…ça fait du bien, mais si ce n’est pas lié à tes peurs, ça ne fait que retarder le moment où tu devras faire face à celles-ci.
Maintenant quand j’ai peur, je n’ai plus honte. Je ne me sens plus coupable. Je l’accepte, même si c’est loin d’être toujours facile et je me demande: «Comment je peux tourner cette peur-là en réalisation? Comment je peux me dépasser?»
"You gain strength, courage and confidence by every experience in which you really stop to look fear in the face. You are able to say to yourself, 'I have lived through this horror. I can take the next thing that comes along.' You must do the thing you think you cannot do." Eleanor Roosevelt
Toi, de quoi t’as peur? Comment surmontes-tu tes craintes?
Comments